Frère Jean-Pierre Brice Olivier
Couvent de l'Annonciation à Paris
Le Seigneur donne le langage, il ouvre l’oreille, sa parole réveille… Dieu est toujours en quête de relation avec l’homme, à l’initiative d’une tentative de dialogue, dans l’espoir et la foi d’une rencontre avec celui que dès le sein maternel, il a aimé. Nous reconnaissons le Christ dans ce poème du serviteur, mais nous pouvons nous aussi être identifiés à cet homme de foi maltraité par ses congénères. Celui qui écoute et se laisse instruire par Dieu, celui qui toujours marche en sa présence, même dans l’inconnu et le risque ; celui qui exerce sa liberté et guide Dieu jusqu’aux marges de l’humanité ; celui qui jamais ne se dérobe à lui-même ni à son semblable, ni à Dieu ; celui-là, comme le Christ, est réprouvé dans sa chair, montré du doigt, frappé à mort depuis l’enfance (Psaume 87, 16), condamné à l’ostracisme et coiffé d’une mitre d’infamie. Le serviteur souffrant est tous les stigmatisés que l’on outrage sans raison, avec pour défenseur le Seigneur Dieu, lui-même atteint par les offenses et les humiliations qui lui sont infligées. L’homme de Dieu est toujours comme Dieu exposé, il ne se protège pas, il ne cache pas son visage, il présente son dos, il s’offre sur la croix, il est mené à la peine capitale. Blessé profondément, meurtri dans ma chair, je demeure cependant dans l’espérance et je connais l’issue. Quelqu’un a-t-il une accusation à porter contre moi ? Qu’il s’avance ! Voici le Seigneur Dieu qui vient prendre ma défense : qui donc me condamnera ?
Extrait de Signes dans la Bible (2015-2016)