Méditation
Se convertir à la vie de l'Esprit
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Se convertir à la vie de l'Esprit
frère Pascal Marin
Couvent de la Tourette à Eveux
Dans la scène originaire de la Pentecôte, l’Esprit Saint arrivant aux disciples leur fait le don des langues. Aussitôt ils annoncent « les merveilles de Dieu » aux gens des nations qui sont là et tous les entendent dans leur propre langue. Et si l’Esprit saint fait aux disciples ce don des langues, c’est justement pour que chacun puisse entendre dans sa langue les merveilles de Dieu et se voie appelé non seulement en des mots qu’il puisse comprendre mais de l’intérieur de sa propre culture « à la conversion qui fait entrer dans la vie ». Plus loin dans le récit, nous apprenons ainsi qu' »entendre dans sa langue », c’est en particulier continuer de se nourrir avec les aliments jugés purs, c’est-à-dire symboliquement comestibles, par sa propre culture. Pour le dire autrement, dans les termes de la vie de l’Eglise qui s’inaugure ici, le baptême d’eau et d’Esprit saint qui marque l’entrée dans la foi chrétienne, n’engage pas à quitter sa propre condition culturelle. Etre chrétien ne consiste pas en une manière bien définie de manger, de s’habiller, de se divertir, de travailler, d’étudier, de consommer, de voter. Pas non plus dans une façon, la même pour tous, de prier, de célébrer, d’exprimer la foi. L’Esprit saint ne détruit pas les multiples formes de vie, où la vie du Christ vient se greffer par la foi, mais il opère néanmoins une brèche en elles. La brèche où la foi justement peut venir se greffer. Une identité culturelle, familiale, sociale et même religieuse, sans autre horizon qu’elle-même devient en effet pour l’homme une prison, où son désir de Dieu étouffe. L’Esprit saint qui met toujours en mouvement et pousse à franchir les frontières, ouvre sans cesse celui qu’Il conduit à des horizons de vie plus vastes, où son existence est au large et peut respirer en Dieu.
Extrait de Marche dans la Bible (2016-2017)